2023 # Mondes Parallèles

« Mondes Parallèles » | Exposition collective

sous le commissariat de Fanny Schulmann

du 14 avril au 10 septembre 2023 au Musée d’Art moderne de la ville de Paris

En cosmologie, le monde parallèle est défini comme un univers possédant ses propres mesures d’espace et de temps. Si de tels mondes existaient, ils devraient logiquement être séparés du nôtre et régis par des lois différentes, renversant alors les principes fondamentaux que nous pensions absolus et immuables. À partir d’œuvres en cours d’acquisition ou entrées récemment dans les collections du musée, cette exposition est une série de présentations monographiques d’artistes dont les oeuvres frappent par leur singularité, constituant ainsi des univers autonomes. Les sept artistes rassemblé(e)s ici, Marie Bourget, Helmut Federle, Hélène Garache, Hubert Kiecol, Charlotte Rampling, Anne-Marie Schneider et Pierre Weiss, ont en commun une exigence sans concession dans leur rapport au réel et à leur art. Par leurs productions, ces artistes nous invitent à élargir nos habitudes de perception afin de nous transporter dans un univers parallèle, poétique et émotionnel. Pour ce faire, ils s’appuient sur différentes démarches : certains jouent sur la variété des formes et des signifiants aux multiples renversements ; d’autres élaborent des rituels précis, les faisant entrer en résonance avec des forces invisibles.

Charlotte Rampling, peintre de l’ombre

Se glisser dans la matière ne demande aucun effort intellectuel. On ne pense à rien d’autre ; ce qui permet de revenir à soi. Le temps s’arrête. 

Le musée d’Art moderne de Paris révèle pour la première fois dix-neuf de ses tableaux de Charlotte Rampling , au sein d’un accrochage intitulé « Mondes parallèles ». Fabrice Hergott, le directeur de l’institution, en doit la découverte à Olivier Saillard, qui avait déjà fait appel à Charlotte Rampling dans le cadre d’une performance aux côtés de Tilda Swinton, en 2016.

C’est une œuvre cohérente, personnelle, qui n’avait pas pour but d’être exposée. Tout a commencé dans les années 1990 par une série d’expérimentations sur des planches en isorel [panneaux de fibres dures de bois transformées sous haute pression]. Quant à son processus créatif, « it’s a work in progress. Souvent, rien n’arrive mais je n’abandonne jamais. Je retravaille longuement la matière, la modèle, la ponce ; certains tableaux disparaissent presque et je recommence. » Il faut les concevoir comme un tout, sans titres ni dates, une pièce de son univers. « A sense of ghost », comme elle le définit dans sa langue maternelle. Une impression de fantôme… Certains y voient des personnages fantomatiques ; d’autres des abstractions.

« La figure a émergé de la matière après avoir résisté longtemps et je ne pouvais plus l’effacer », explique Charlotte Rampling. « Comme obsédée, j’y suis retournée sans cesse. Je manipulais la matière pour rencontrer le génie qui pouvait sortir. »

Dans un film, on fait partie d’une œuvre collective. Là, il s’agit presque d’un one man show. Je voulais engendrer des créatures, des entités et en assumer l’entière responsabilité. Ce ne sont pas des hommages conscients même si je suis, comme tout le monde, traversée par diverses influences. 

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