
François Raveau © Öznur Baycan, AAPERTURA,2022
Hommage à François Raveau
Né en 1928, François Raveau est docteur en anthropologie et professeur agrégé de médecine. Il a été directeur d’études à l’EHESS, notamment au Centre de Recherche et d’Etudes des Dysfonctions de l’Adaptation (CREDA), et professeur associé en anthropologie à Berkeley, Harvard, Oxford, Lisbonne et Macao. Membre fondateur de la Fondation de la Résistance, il est commandeur de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille militaire ainsi que de quinze décorations françaises et étrangères.
À propos de Je suis le chat qui va tout seul (2017), publié aux Presses de la Cité, 2017, Michel Mollard
François Raveau a onze ans quand la guerre éclate. Très précoce intellectuellement, l’école ne lui convient pas. Dès 1940, il est engagé avec ses parents, protestants, dans des opérations de résistance, parfois meurtrières. En avril 1944, il est déporté à Neuengamme, puis Fallersleben et Wöbbelin. Pour ce livre, il est retourné pour la première fois sur les lieux des camps et de sa résistance en Dordogne. Ce livre traite aussi de « l’après » : comment se passe le retour à la vie « normale », pour autant qu’elle le soit ? Il se trouve que François Raveau a participé à nombre d’aventures, en France (du complot du Plan Bleu à Mai 1968), en Amérique Latine (chez des tribus reculées), en URSS ou en Asie. Il a soigné des rescapés des camps nazis et des camps d’Indochine. Il a été l’ami proche de Malraux, de Gracq, de Koestler, et le psychiatre de Sartre. Il dresse de ces derniers des portraits savoureux.
JE SUIS LE CHAT QUI VA TOUT SEUL… extrait
» On ne sait pas à quel moment on s’engage dans la Résistance ! Il n’y a pas de bureau, pas de carte, pas d’insigne sur le col de la veste ! On est contre les Allemands, contre Vichy, mais on ne s’appelle pas « résistant », on n’a pas de statut à part. Si on est à part, c’est parce qu’on s’oppose à un milieu hostile, qu’on est en cavale – tout en restant dans le quotidien. C’est après, en 1945-1946 – et de plus en plus au fil de temps ! – qu’on découvre tout ce que le mot « résistant » signifie. (…) A aucun moment, nous nous sommes conscient de faire partie de l’Histoire. C’est une plaisanterie de le dire. »
« La définition du bonheur pour moi, c’est un rayon de soleil. A Fallersleben, les levers et les couchers de soleil sont magnifiques.. Oui, un rayon de soleil, même si je suis en train de déblayer des cadavres, et aussi un ramassis de bouffe attrapé au milieu des ruines dans le soleil. Les SS sont loin, il n’y a pas de vent, le silence règne … Je vais vous étonner, mais ces quelques moments-là constituent pour moi un absolu que je ne vais plus jamais retrouver par la suite. »